CORRESPONDANCES

CORRESPONDANCES

VLADIMIR NABOKOV 
Lettres à Véra
Éditions Fayard (2017)

"Tout au long du demi-siècle que dura leur mariage, Vladimir et Véra Nabokov furent rarement séparés. Cela n’empêcha pas Nabokov d’écrire un nombre considérable de lettres à sa femme. La plus grande partie de cette correspondance à sens unique (Véra ayant détruit ses propres lettres) se situe dans les années qui ont suivi leur rencontre, en mai 1923, à Berlin, où leurs familles respectives avaient fui le pouvoir bolchevique. L’obligation pour Véra de partir se soigner dans un sanatorium de la Forêt Noire, la visite de Vladimir à sa famille réfugiée à Prague, son départ pour Paris, où Véra refuse de le rejoindre, puis, plus tard, ses conférences dans le sud des États-Unis sont autant de raisons qui ont suscité ces lettres. On y voit la passion de Nabokov pour sa femme, les bouleversements auxquels tous deux sont confrontés dans leurs vies matérielles et affectives, le dénuement qui est le sien lors de ses débuts à Paris, sa quête d’un refuge pour sa famille en France, en Angleterre ou aux États-Unis, l’intérêt croissant suscité par son œuvre auprès des éditeurs et d’un public éclairé, l’importance du jugement de Véra sur son travail. Ces lettres, outre ce qu’elles révèlent sur l’homme, nous éclairent sur son travail d’écrivain, son énergie créatrice, la pléthore de sujets qui surgissent, l’intensité de son travail – et laissent entrevoir ce qui constitue la spécificité de son style : sa veine parodique, poétique, virtuose et ses jeux de mots. "

Écrites entre 1923 et 1976, les lettres de Vladimir Nabokov à Véra sont le formidable témoignage d'un amour ayant survécu à tout.
Les "Lettres à Véra", sa femme fragile et implacable, révèlent l’auteur de "Lolita" en époux ardent, confiant, fidèle au fond – pleinement heureux.

ALBERT CAMUS MARIA CASARÈS 
Correspondances 
Éditions Gallimard (2017)

 Le 19 mars 1944, Albert Camus et Maria Casarès se rencontrent. L'ancienne élève du Conservatoire national d'art dramatique, originaire de La Corogne n'a alors que vingt-deux ans. Parlant parfaitement français, elle a débuté sa carrière d'actrice en 1942, au moment où Albert Camus publiait L'Etranger et Le Mythe de Sisyphe chez Gallimard. Albert Camus vit alors seul à Paris, la guerre l'ayant éloigné depuis deux ans de son épouse Francine, enseignante à Oran. Sensible au jeu, au tempérament et à la beauté de l'actrice, Albert Camus lui confie le rôle de Martha pour la création de sa pièce Le Malentendu en juin 1944.

C’est l’histoire d’une passion qui durera jusqu’à la mort accidentelle de Camus en 1960. Durant toutes ces années, Albert et Maria n'ont jamais cessé de s'écrire, notamment lors des longues semaines de séparation dues à leur engagement artistique et intellectuel. Sur fond de vie publique et d'activité créatrice, leur correspondance croisée, demeurée inédite jusqu'à ce jour, révèle quelle fut l'intensité de leur relation intime. Nous savions que l'œuvre d'Albert Camus était traversée par la pensée et l'expérience de l'amour. La publication de cette immense correspondance révèle la pierre angulaire de cette constante préoccupation : l'amour, l'inévitable amour. "Quand on a aimé quelqu'un, on l'aime toujours", confiait Maria Casarès bien après la mort d'Albert Camus ; "lorsqu'une fois, on n'a plus été seule, on ne l'est plus jamais".

Je vous invite par ailleurs à découvrir un très joli livre relatif à leur très belle histoire dont le titre me bouleverse "Tu me vertiges" de Florence M. FORSYTHE (éditions le Passeur).

PAUL CLAUDEL
Lettres à Ysé
Éditions Gallimard (2017)
 
Voici la correspondance tant attendue entre Paul Claudel et Rosalie Vetch, qui fut le modèle d'Ysé, l'un des personnages de sa piéce Partage de midi et de Doña Prouhèze dans Le Soulier de satin.

Chaque lettre nous apporte des détails ignorés sur une aventure encore largement incomprise. Mais les révélations de loin les plus précieuses touchent à la destinée exceptionnelle des deux partenaires principaux, observés à travers un demi-siècle : 1900-1951. LUI entend n'avoir pour ELLE aucun secret. Il se montre dès lors sous toutes ses faces : l'homme si sauvagement solitaire, mais également aux prises avec autrui ; le diplomate en action ; le créateur au sommet de son art ; l'amant enflammé, mais aussi le mari mortifié ; sa foi en insupportable conflit avec sa passion - car tous ces versants se rencontrent : "Pour être un artiste, il ne sert à rien d'avoir Dieu au cœur si l'on n'a le diable au corps !". Quant au couple qu'ils s'épuisèrent à former, ELLE et LUI, l'apport du courrier claudélien se révèle incontournable.

PHILIPPE SOLLERS - Lettres à Dominique Rolin (1958-1980)
DOMINIQUE ROLIN - Lettres à Philippe Sollers (1958-1980)
Éditions Gallimard (2017, 2018)

UNE CORRESPONDANCE PASSIONÉE, ROMANESQUE ET SENSUELLE.
UN AMOUR INCANDESCENT.

Quand ils se rencontrent en 1958, elle a quarante-cinq ans, lui, vingt-deux. L'attirance est immédiate et réciproque. Cette différence d'âge, impensable à l'époque, scelle entre les amants un pacte de clandestinité. Ils ne se montreront jamais ensemble ; personne ne se doutera de la nature et de la force de leur relation.

Les lettres de Philippe Sollers à Dominique Rolin, depuis leur rencontre, jusqu'en 1980 "sont incisives, émouvantes, rythmées, drôles souvent, et donnent à voir un amour hors du commun, et son évolution."
Philippe Sollers nous parle aussi en creux de ses passions : la Chine, la politique, la science, la Bible, l'Histoire, et la littérature. 

En 1967, Philippe Sollers lui annonce qu'il va épouser Julia Kristeva ; cette trahison cruelle n'altérera aucunement sa passion irréductible pour son "bien amour, son tellement chéri, son splendamour, son homme-amour, son toutankamour."

De 1958 à 2008, les deux écrivains se sont échangés plus de 5000 lettres ; c'est Bernard Pivot qui lors de l'émission Bouillon de Culture du 24 mars 2000 révéla au grand public leur histoire d'amour.

Dominique Rolin s'est éteinte en 2012.

FRANÇOIS MITTERRAND 
Lettres à Anne
Éditions Gallimard (2016)

L'amour porté à son incandescence. 

En 1962, il a 46 ans et rencontre chez ses parents, une jeune fille de 19 ans. La première lettre qu'il lui adresse le 19 octobre 1962 sera suivie de mille deux cent dix-sept autres qui se déploieront, sans jamais perdre de leur intensité, jusqu'en 1995, à la veille de sa mort. 
Les lettres nous dévoilent des aspects totalement inconnus d'un homme profondément secret que chacun croyait connaître, et surtout, nous oublions totalement l’homme politique qu’il fût grâce à la beauté de ses lettres, à l’écriture remarquable de celles-ci, à leur érudition incroyable ; c’est de toute beauté, et universel. 
Une correspondance amoureuse exceptionnelle , par sa longévité, son intensité, son exclusivité, sa clandestinité et surtout sa qualité littéraire, pour un François Mitterrand monarque florentin, volage, infidèle et cynique.

À lire absolument.

Extraits :
15 novembre 1964 : "Je bénis, ma bien-aimée, ton visage où j'essaie de lire ce que sera ma vie. Je t'ai rencontrée et j'ai tout de suite deviné que j'allais partir pour un grand voyage. Là où je vais je sais au moins que tu seras toujours. Je bénis ce visage, ma lumière. Il n'y aura plus jamais de nuit absolue pour moi. La solitude de la mort sera moins solitude. Anne, mon amour". 
Et la correspondance prend fin le 22 septembre 1995 : "Tu m'as toujours apporté plus. Tu as été ma chance de vie. Comment ne pas t'aimer davantage ?".

"Je t'ai rencontrée et j'ai tout de suite deviné que j'allais partir pour un grand voyage. Là où je vais, je sais au moins que tu seras toujours. Je bénis ce visage, ma lumière. Il n'y aura plus jamais de nuit absolue pour moi. La solitude de la mort sera moins solitude. Anne, mon amour."

ANAÏS NIN ET HENRY MILLER 
Correspondance passionnée
Éditions Stock

20 ans d'amour fou qui, quand il s'apaisa, laissa intacte leur communion littéraire. 

Un texte brûlant d'une sensualité obsédante, intellectuel et charnel. La passion de la chair est portée à l'incandescence
La passion littéraire et amoureuse qui les a unis évoquée dans Cahiers secrets est pleinement évoquée dans cette correspondance.

Celle-ci, s'achève alors qu'ils sont l'un et l'autre devenus célèbres. S'il n'avait tenu qu'à Henry Miller, qui s'était séparé de sa femme, June, en décembre 1932, il aurait épousé Anaïs. Mais les événements, notamment la guerre, aussi bien que le refus d'Anaïs Nin d'abandonner son mari, devaient en décider autrement, peut-être pour le plus grand bien de leur amour. 

"Ces lettres entre deux grands écrivains qui s'admirent, s'éprouvent, se stimulent et ne cesseront de s'aimer jusqu'à leur mort à travers l'espace et les années nous laissent à découvrir un amour fou, qui évoluera petit à petit vers une tendresse, et une bienveillance réciproque, et cela même quand ils vivront d'autres amours."

"L'histoire de deux êtres exceptionnels unis dans une fidélité essentielle, physique, matérielle et littéraire. "

L'histoire d'un amour, un témoignage sur une époque, un document sans précédent dans l'histoire de la littérature contemporaine.
Passionnante, foisonnante, enfiévrée...

SIMONE DE BEAUVOIR
Lettres à Nelson Algren
Éditions Gallimard (1997) et Folio (1999)

Si l'auteur du Deuxième sexe eut de nombreux amours en dehors de Jean-Paul Sartre, Nelson Algren fut le plus grand. 
De 1947 à 1964, elle lui écrivit des centaines de lettres d'amour.
Romancier américain, mort dans la misère et l'indifférence totale, il avait été introduit en France dans le milieu existentialiste par Simone de Beauvoir .
Nous découvrons dans ces lettres le portrait d'une femme, méconnue au-delà de l'intellectuelle : charnelle, passionnée, humaine, fragile, parce que follement et douloureusement amoureuse. 
A la fin de la guerre, cet amour l'entraîne dans une aventure à la fois par la découverte de l'Amérique et par l'irruption dans sa vie d'une brûlante passion. 

"Ainsi bénéficions-nous d'un reportage unique sur la vie littéraire, intellectuelle et politique de ces années. Avec Sartre et son petit clan, avec leurs activités, leurs mésaventures, leurs amours, racontées avec humour, parfois féroce. Sur la vie quotidienne en France. Pendant que naissent devant nous Le deuxième sexe, Les mandarins, Mémoires d'une jeune fille rangée, Simone de Beauvoir nous livre d'elle-même une autre image, celle d'une femme amoureuse passionnément."

Ce livre est celui d'une femme libre déchirée entre sa fidélité à l'homme qu'elle admire, Sartre, qu'elle ne quittera finalement jamais et l'homme qu'elle aime, Algren. 

FRANZ KAFKA
Lettres à Milena
Éditions Gallimard (1988)

Franz Kafka connut d'abord Milena comme traductrice, en 1919. Tout les oppose : elle est mariée, beaucoup plus jeune que lui, et pas de la même religion. Elle est "vraiment fabuleusement belle ", lui est malade. Ces relations se transformèrent en une liaison passionnée dont les lettres permettent de suivre le progrès. Cette passion dura de 1920 à 1922. "Les lettres racontent d'un bout à l'autre ce roman d'amour, orgie de désespoir et de félicité, de mortification et d'humiliation. Car quelle qu'ait pu être la fréquence de leurs rencontres, leurs amours restent essentiellement épistolaires. Milena est morte vingt ans après Kafka, dans le camp de concentration de Ravensbrück."

C'est la correspondance d'un amour impossible qui mourra du " mal d'absence", très riche, intense, et enflammée faite de troubles, de manques, face à l'absence de cette jeune femme dont il est éperdument amoureux.

Un amour vertigineux : magnifique.

 "Lorsque je veux lever les yeux jusqu’à votre visage, le feu flambe au fil de la lettre — quelle histoire ! et je ne vois plus que du feu"
"L’éclat de vos yeux anéantit la douleur du monde"

PAUL ELUARD
Lettres à Gala
Éditions Gallimard (1984)

Paul Eluard rencontra Helena Dimitrievna Diakonava, qu'il appelait Gala, en décembre 1912, dans un sanatorium suisse où ils soignaient tous deux une atteinte de tuberculose. Ils avaient dix-sept ans. Gala retourna en Russie, revint en 1916. Ils se marièrent en février 1917 et eurent une fille, Cécile, en 1918.

Cette correspondance a duré bien au-delà de leur séparation en 1929, jusqu'en 1948, quatre ans avant la mort du poète. Ni le remariage de Gala avec Dali, ni celui d'Éluard avec Nusch, n'affaiblissent la ferveur qui s'exprime dans ces lettres où un grand poète parle d'amour, physique, intellectuel et enfin « mystique », comme le dit lui-même Paul Eluard.
On suivra, pas à pas, à chaque minute, la recherche entêtée de "ce qui ne déshonore pas la poésie".
Mais surtout ce sont des lettres où un homme parle d'amour à celle qu'il a aimée "de toute éternité" comme "la lumière fatale de sa naissance"
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